" Oh mon Dieu ! " Soit gentil, appelle moi Elias, c'est mieux. ϟ

Bonjour! Je m'appelle Santiago mais mes amis m'appellent par mon second prénom, Elias. Je suis né à Buenos Aires le 15/06/1991 et de ce fait j'ai donc 21 ans. Côté coeur, je suis célibataire, sachant que mon orientation sexuelle est hétéro. J'appartiens au groupe Etudiants. Je suis quelqu'un plein d'humour, sociable, curieux, charismatique; mais aussi rancunier, méfiant, têtu, lunatique.

Je suis Stella, la mère de Santiago Estevez. Ce nom ne vous dit rien ? Normal, il se fait désormais appeller par son second prénom, Elias. Vous devez vous demander pourquoi c'est moi qui vous parle, et pas lui ? Il y a une raison toute simple, vous allez comprendre ... Je vais vous raconter son histoire. Notre histoire.

Toute histoire a un début. La notre commença en 1990, lorsque j'ai rencontré le père de mon fils. Je n'avais que 18 ans mais je l'aimais passionnement. Lui, était un peu plus vieux, il répondait au prénom de Santiago, avait 22 ans, et étudiait la médecine. Un amour passionnel contre lequel on ne peut rien. Au bout de 3 mois de relation, nous nous sommes mariés. J'ai quitté le Mexique, où j'avais tous vécu, pour suivre mon mari à Buenos Aires, en Argentine. En 1991, est venu au monde notre premier fils, Santiago Elias Estevez. Dans la famille de mon mari, c'était une tradition de s'appeller Santiago, tous les garçons, aînés de leur fratrie, s'appellaient ainsi. Nous formions une très belle famille, tous les trois. J'étais jeune, je n'avais aucun diplôme en poche, mais je m'en fichais, j'avais un mari dont j'étais folle amoureuse et un fils magnifique. Cela suffisait à mon bonheur. 4 ans plus tard, en 1995, est née Luna Stella, mon deuxième enfant. Le bonheur était des plus total.

Tout a commencé à basculer dans les années 2000, en fait. Pour être précise, cette même année, mon mari s'est fait radier de l'ordre des médecins, à cause d'une opération ratée par manque d'attention de sa part. Il a commencé à boire, à se droguer, à me frapper ... Ce n'était plus l'homme que j'avais épousé. Ce n'était qu'un inconnu, ivrogne et violent ... Comme mon mari ne travaillait plus et qu'il nous fallait de l'argent pour vivre, j'ai décidé de travailler comme serveuse, dans un petit café de Buenos Aires. J'ai sympathisé avec l'un des serveurs de ce même café, Javier, qui est devenu mon amant ... Avec lui, je me sentais vivante, à nouveau. J'étais vraiment heureuse, ça n'était pas arrivé depuis longtemps ... Notre relation est restée secrète durant plus de 10 mois. Puis, en 2001, il m'a demandé de l'épouser. Je le voulais plus que tout au monde, mais pour ça, il fallait que je prenne mon courage à deux mains, et que je quitte mon premier mari, Santiago. Je ne pensais pas qu'à moi, je pensais aussi à mes enfants, et j'étais vraiment persuadée qu'ils seraient mieux avec Javier qu'avec leur père. Comprenez moi, j'avais tellement peur qu'il ne leur tappe dessus ...

J'ai donc pris mon courage à deux mains, un soir. J'ai appellé mes soeurs pour qu'elles m'aident à déménager mes affaires et celles des enfants. Nous avons tout installés chez Javier, et j'ai annoncé à Santiago que tout était fini, que je partais avec les enfants, car j'avais quelqu'un d'autre. Je lui ai dis que je l'aimerais toujours, ce qui était vrai, qu'il pouvait voir les enfants quand il voulait, à la seule condition qu'il ne soit pas en état d'ébriété. Il n'a pas émis le moindre commentaire, la moindre réaction. Je suis donc partie. Je pensais que cette partie de mon histoire était derrière moi, qu'un nouveau chapitre de ma vie s'ouvrait, et que j'allais être heureuse à nouveau avec mes enfants et mon nouveau compagnon.

Quand j'y repense, je me dis que j'aurais du me méfier lorsque mon avocat m'a dit que Santiago avait signé les papiers sans aucune résistance. Mais bon, à l'époque, j'étais jeune et heureuse, la vie me souriait, tout était tout ensoleillé ... J'ai épousé Javier en janvier 2002. Santiago E. et Luna adoraient leur beau père, et celui ci le leur rendait bien.

Mais après le beau temps, vient la pluie, c'est bien connu. L'orage a éclaté le 15 mai 2002. Javier était sorti au cinéma avec les enfants, moi, j'avais repris mes études de droit et j'avais énormement de cours à revoir. Je suis donc rentrée chez moi, et quelle fut ma surprise lorsque j'ai vu ... Mon ex mari, Santiago, assis dans la cuisine ! Il m'a dit qu'il s'était fait soigné, qu'il ne buvait plus, qu'il avait à nouveau un travail, et qu'il s'excusait ... Il m'a demandé de revenir en arrière, de quitter Javier pour revenir avec lui, pour reformer une famille comme avant. Je lui ai gentillement fait comprendre que ma vie était avec lui désormais, que notre histoire était terminée ... Il s'est énervé, jamais je ne l'avais vu dans une telle rage, il m'a violement poussée à terre, a saisi un couteau sur le plan de travail et m'en a donné plusieurs coups ... Une fois son crime commis, il est reparti, comme ci de rien n'était.

C'est mon fils Santiago qui m'a découverte, gisant dans mon sang, allongée dans la cuisine. Il n'avait qu'onze ans, j'aurais voulu qu'il n'ait jamais à assister à ce spectacle ... Il a couru prévenir Javier, mais c'était trop tard, je les avais déjà quittés pour un autre monde ... Les soupçons sont très vite remontés jusqu'à mon ex mari, qui a tout avoué. Il est actuellement en prison et y passera surement une bonne partie de sa vie ... Javier s'est occupé de mes enfants comme des siens. Et moi, je suis ici, dans un monde auxquels certains croient, d'autres non.

Je pense que vous comprenez pourquoi mon fils se fait désormais appeller Elias, et non Santiago. Ce prénom lui rappelle le crime qu'à commis son père et lui fait si mal ... D'ailleurs, soyez gentil, évitez de lui parler de son père. Il s'est forgé une carapace, pour se protéger, et c'est mieux ainsi. Je veux vraiment qu'il soit heureux, comme sa soeur. Vous savez, je garde un oeil sur ceux que j'aime, depuis mon nuage, dans le ciel ...

Aujourd'hui, mon fils a 21 ans. Déjà ! Je n'ai pas eu la chance de le voir obtenir son bac, obtenir son permis. Je n'ai pas eu la chance de lui offrir sa première voiture, de connaître sa première copine ... Je n'ai pas eu la chance de lui offrir une mère toujours là pour lui. Son père lui a ôté cette chance.

Depuis plus de deux ans, Elias vit à Madrid. Il y étudie la littérature, mais aussi la photographie, et travaille en parallèle comme mannequin. Je vois aussi qu'il enchaine les conquêtes amoureuse, par peur de s'attacher ... Je suis heureuse qu'il ait réussi dans la vie, malgré ce drame qui a touché son enfance. Je suis aussi heureuse de voir qu'il est toujours aussi proche de Luna, qui a désormais 17 ans, et de Javier, qu'il considère comme son père.

Voilà, vous connaissez notre histoire, son histoire. Je peux donc retourner sur mon nuage, et continuer de veiller sur eux !

FICHE PAR ROMANE